samedi 9 avril 2016

Introduction




De la location latine "mythos" signifiant fable empruntée au mot grec "muthos", signifiant parole, le mythe relève à la fois de la parole et du récit. Le mythe se veut un récit merveilleux qui explique notre univers, les origines du monde et de l'homme, des divinités qui ont forme humaine et qui montrent des sentiments humains vers les hommes.
Le mythe est un moyen par lequel les hommes tentent d'expliquer les phénomènes naturels qu'ils ne parviennent pas à comprendre telle la naissance du monde ou des hommes. Ainsi, pour certains, les dieux ont créé les hommes, pour d'autres, c'est Prométhée. Les poètes Homère et Hésiode sont les principales sources de la mythologie grecque. 
Selon Friedrich Schelling, philosophe allemand du XVIIIème siècle, le mythe est un récit qu'il faut décrypter pour arriver à un sens profond.

Nous allons donc essayer de savoir comment le mythe grec par sa symbolique apporte-t-il une explication aux phénomènes naturels. 
Pour tenter de répondre à cette question, nous travaillerons dans un premier temps sur le thème du temps qui passe avec Perséphone pour la naissance des saisons. Dans un second temps, nous étudierons les phénomènes physiques avec Ouranos pour le ciel. Et pour finir nous verrons les phénomènes exceptionnels avec Zeus pour la foudre, les éclairs...



Homère


Hésiode



I- Le temps qui passe



 "Car les chemins du jour côtoient ceux de la nuit." Homère

       Perséphone : La naissance des saisons 

Le texte étudié est "Tu remonteras alors du fond des brumes obscures" , extrait de l'Hymne Homérique à Déméter. Texte établi et traduit par Jean Humbert, Paris, Belles Lettres 1938.
L'Hymne Homérique à Déméter est un hymne archaïque de la Grèce antique. Il est l'un des plus longs hymnes homériques, court poème dédiés à une divinité et faussement attribués par les Anciens à Homère. L'Hymne homérique à Déméter est consacré à la douleur de Déméter face à l’enlèvement de sa fille. Au-delà du questionnement sur les rapports mère-fille, d'une histoire d'amour intense entre une mère et sa fille, on peut voir dans ce texte une explication des saisons, notamment le passage de l'hiver à l'été.

Le passage étudié nous présente tout d’abord Déméter et sa fille Perséphone en train de cueillir des fleurs avec les Océanides.
Le regard de la jeune fille est attiré par une fleur éblouissante : « la fleur brillait d’un éclat merveilleux ».
Alors que Perséphone se penche pour la cueillir le sol s’ouvrit et Hadès, Dieu des Enfers, l’entraina avec lui malgré sa résistance.
« […]la Terre aux vastes chemins s’ouvrit dans la plaine nysienne, et il en surgit, avec ses chevaux immortels, […] le Cronide (Hadès est aussi le fils de Cronos) invoqué sous tant de nom. Il l’enleva et, malgré sa résistance, l’entraina tout en pleurs […].
Hadès était parvenu à ses fins. Eperdument épris de la jeune fille, il avait réussi à l’enlever sans que personne ne puisse intervenir : « […] mais personne parmi les immortels ni les hommes mortels ne perçut ses cris […] ».
Désespérée par la disparation de sa fille chérie, Déméter entreprit des recherches pour tenter de la retrouver et, dans sa douleur, cessa totalement de se charger des saisons et des moissons. Pendant neuf jours et neuf nuits elle erra à la recherche de Perséphone. « Dès lors pendant neuf jours, la noble Déô (Déméter) ne cessa de parcourir la terre […]. » Les saisons avaient disparu. Seul l’été demeurait et les récoltes ne poussaient plus, plongeant le monde des mortels dans la famine.
Zeus, alors inquiet de la situation, demanda à Déméter de reprendre immédiatement ses fonctions mais essuya un refus catégorique de celle-ci. Seul le retour de sa fille la pousserait à remplir de nouveau ses  fonctions. Afin de trouver une solution à cette situation désastreuse qui risquerait d’entrainer la disparition des mortels, et ne pouvant aller ni contre Déméter ni contre Hadès, Zeus trouva une solution de partage. Durant six mois de l’année Perséphone demeurera avec sa mère et durant les six autres mois elle sera aux côtés d’Hadès dans les enfers. Ce compromis est accepté par les deux parties. C’est pourquoi le printemps et l’été les fleurs éclosent, les bourgeons naissent, les récoltes foisonnent, Déméter étant heureuse au côté de sa fille et l’hiver le temps est sombre et froid, plus rien ne pousse, plus rien ne bourgeonne car Déméter se retrouve seule, sa fille étant avec Hadès.

Cet hymne,  qui évoque la scène de l’enlèvement, la douleur et la colère d’une mère et les conséquences de celles-ci, expose les circonstances dans lesquelles les dieux acquièrent leurs prérogatives.
Au-delà de cet aspect, le cycle de la vie et de la mort rapproché du cycle de la nature, de la végétation, est également traité.
La vie correspond au printemps et à l’été qui s’accompagnent de l’éclosion des fleurs, de la naissance des bourgeons, des moissons, et la mort à l’automne et à l’hiver, période durant laquelle plus rien ne pousse et où le sombre règne.

Ce texte peut également conduire à s’interroger sur l’existence après la mort. La vie se termine-t-elle avec la mort ou bien se poursuit-elle à travers elle ? Le retour à la vie après la mort.



Perséphone



Hadès


II- Les phénomènes physiques



Ouranos : Le Ciel


Le texte étudié est un extrait  de La Théogonie, d’Hésiode (vers 116-154), traduit par Paul Mazon, Paris, Belles Lettres, 2008.

La Théogonie est le chant d’un poète inspiré par les Muses en l'honneur des dieux Immortels. Dans ce poème, Hésiode célèbre l'ordre divin du monde en racontant la naissance des dieux, la formation de l'univers, la succession des générations divines. L'histoire de la famille divine aboutit ainsi à la mise en place de l'ordre éternel de Zeus. Naissances, unions, conflits, alliances et combats dessinent une carte des puissances divines actives dans le monde. Ce processus théogonique attribue à chaque élément du cosmos, aux dieux immortels ainsi qu'aux hommes mortels, les prérogatives et la place qui leur reviennent.



La Théogonie montre combien, en Grèce ancienne, poésie et religion étaient étroitement liées.

Le passage étudié débute par une « cosmogonie », mythe de la naissance du monde, mais aussi récit de conflits de « successions ».



Au fur et à mesure des enfantements et de l’énoncé des descendances, l’espace se construit. La naissance des dieux est alors fondée sur une division qui elle seule peut permettre d’établir un ordre à partir du désordre. Les dieux apparaissent comme des concepts plus que de vrais personnages. Cette apparition est une mise en ordre progressive.


Ouranos personnifiait le ciel étoilé. D'après la Théogonie d'Hésiode, Ouranos était le fils de Gaia (la terre-Mère) qui s'unit à lui pour engendrer les Titans, les Cyclopes, les Géants, et un grand nombre de divinités.





Ouranos


Gaia






III- Les phénomènes exceptionnels



Zeus : foudre, éclairs




Dans ce passage étudié, Vers attribués à Orphée, cités et commentés dans Le Papyrus de Deverni, Traduction originale, il est question principalement de Zeus et de ses attributs, de la prise de pouvoir de Zeus. « Zeus avala le principe de vie du dieu Protogonos (premier-né)».
Zeus décide de détrôner Cronos et de prendre le pouvoir à sa place. Il demanda conseil à Métis (« intelligence rusée), la personnification de la Sagesse. Il succède alors à Ouranos et Cronos. Pour affirmer sa puissance, Zeus « avale le principe de vie du Dieu Protogonos », le dieu primordial et devient le Dieu suprême, « roi de tous les êtres ».
Zeus est le premier ;  Zeus est le centre et c’est à partir de lui que tout est créé ; Zeus a la destinée de tous entre ses mains …
L’une de ses armes les plus redoutables, signe de sa suprématie, est la foudre. «  « Zeus à la foudre éclatante est le principe de tous les êtres ».Il l’a brandit de sa main droite pour avertir, punir et tuer.






Zeus


Conclusion




De tous temps, les phénomènes naturels ont été une énigme pour les hommes qui ne comprenaient pas ces événements, leur ampleur et leur complexité, ni par extension le monde dans lequel ils évoluaient.

Durant cette projection, nous avons pu constater que, comme de nombreux peuples, le peuple grec créa une fiction autour de ces énigmes de son esprit.

Ainsi jaillirent de son imaginaire des dieux qui, à eux seuls expliquaient chaque mystère de ce monde.

Perséphone représente les saisons, Poséidon les tempêtes, mais le meilleur exemple de cette explication de l’inconnu réside en Hadès, qui traduit la plus grande inconnue pour l’humanité, la mort et plus particulièrement ce qui se passe après.

Nous pouvons par conséquent en conclure que les mythes grecs apportent une réponse à l’inconnu de par leur symbolique ainsi que par leur figuration. Ils permettaient d’éduquer les hommes contre les incertitudes mais aussi de les faire rêver, de leur inculquer des vérités, des valeurs. De tradition orale, les mythes avaient un véritable caractère didactique.


Ils ont permis à l’homme d’appréhender le monde choisissant la voie de la facilité au détriment de la recherche et de la philosophie, méthodes utilisées plus tard pour trouver la réelle signification des mystères planétaires.